Une soirée magique face au tragique
Je respecterai le choix de Fanny Ardant qui a fait signe à quelqu'un en quittant la sortie des artistes ce 28 décembre 2011 qu'elle ne voulait pas de photos. La personne tenait un appareil d'importance... c'était des professionnels en fait à qui elle a signé des affiches. Peu de monde attendait mais il y avait beaucoup de gens aveugles ce soir-là et un monsieur était impatient de lui dire l'admiration qu'il avait eu de l'écouter à la radio. Il l'a félicitée longuement et chaleureusement pour cette soirée magnifique et aussi pour son parcours professionnel. Telle que tu peux la voir sur cette photo que j'ai prise sans me cacher, elle est tout ouïe et d'une gentillesse tout aussi inouïe, ce doit être ça la délicatesse. Quant à moi, après avoir salué Charles Berling² qui sortait au même moment, j'ai serré la main à Madame Ardant sans la déranger plus longtemps mais je n'oublierai pas son joli sourire. Et puis elle nous avait tellement gâtés durant cette soirée au Théâtre de l'Atelier que lui demander plus eut été finalement inutile. J'avais pris des photos pendant les applaudissements, j'avais eu assez de temps pour les prendre et pour poser ensuite l'appareil afin de la contempler, l'applaudir et me délecter de la regarder et voir ses yeux briller d'émotion retenue.
Je vais essayer de parler de ce récit qu'elle nous a conté avec beaucoup de grâce, de colère parfois, de lucidité beaucoup... elle entre en scène et nous lance un avertissement "Je suis là pour vous dire ce que vous devez savoir... ce qui m'est arrivé vous ne voulez pas le croire vous arrivera à vous..." et le monologue a démarré, celui d'une lutte intérieure, une histoire vraie*. Aucun détail ne nous est épargné, la magie c'est elle, c'est sa voix que je trouve différente de celle que je connais d'habitude dans l'intonnation, mais la magie c'est aussi que nous avons toutes et tous vécu des moments où nous aurions voulu revenir en arrière, l'auteure va même jusqu'à imaginer que sous un autre fuseau horaire le malheur n'est pas encore arrivé et peut-être que... mais non elle est rattrapée par la réalité et le deuil accompli elle repartira pour former autour d'elle, seule désormais, un cocon protecteur. L'actrice salue, la famille réunie apparaît derrière elle... une autre magie... celle de l'argentique.
A ce moment-même mon coeur est gros comme...
* Joan Didion, journaliste, essayiste et romancière. Elle est également l'auteur de plusieurs scénarios pour le cinéma avec l'écrivain John Gregory Dunne auquel elle a été mariée pendant quarante ans. Son dernier livre, "L'année de la pensée magique", qui relate le décès de celui-ci survenu à la suite d'une crise cardiaque, a remporté le National Book Award Elle était la mère de Quintana Roo Dunne, qu'elle avait adoptée à la naissance avec son mari et qui est également décédée, quelques mois après son père à l'âge de 39 ans.
Infos :
² Une nouvelle réalisation de Josée Dayan sera à l'honneur le 18 janvier sur France 2 à 20h35. Intitulé Nos retrouvailles, ce téléfilm offre les premiers rôles à Fanny Ardant et Charles Berling.
Portrait d'une femme qui vacille, Nos retrouvailles profite d'un scénario original de Philippe Besson. Il raconte comment une architecte, issue de la bourgeoisie bordelaise, retrouve par hasard son amour de jeunesse. Au son du piano, son nouveau voisin et ancienne flamme confirmera l'aspiration au changement de cette femme au bord de la rupture.