Lire en juillet comme avant
Mimi qu'est-ce que vous regardez ?
C'était comme avant en juillet, nous nous sommes amusées. Je me souviens de cet endroit où lorsque je ne lisais pas j'allais me réfugier pour jouer. L'endroit n'a pas changé... tout est resté en l'état... le tilleul des soirs d'été que je respire encore installée devant un verre de citronnade, les figuiers, noisetiers, pommiers ou cognassiers... les pruniers, j'allais oublier les prunes et certainement bien des baies encore. Tout ici est marqué par l'empreinte du temps, par l'abandon plutôt car l'endroit a toujours daté. Il manque juste ce potager dans lequel nous allions croquer les tomates rafraîchissantes après les grandes courses à pied dans la campagne environnante. Nous étions persuadés qu'on ne nous verrait pas bien sûr car nous n'avions pas le droit, quelquefois ça marchait sinon nous étions réprimandés et pour la peine nous donnions un coup de main. Le vieil arrosoir n'arrose plus rien maintenant mais on peut toujours se rafraîchir au robinet accolé au puits.
Même le portail est d'origine mais il n'y a plus personne dans cette maison vers laquelle nous nous aventurons comme si nous la connaissions, comme avant. Ce n'est pourtant pas par là que nous passions la plupart du temps, il y avait une côte de l'autre côté à descendre en courant c'était bien plus marrant et c'était l'entrée principale. D'ailleurs il faudra la reprendre pour aller chercher d'ici quelque temps tous les fruits que tous ces arbres en liberté pourront nous donner même si c'est trop tard pour le tilleul maintenant... en juin prochain si rien ne change il y aura de la tisane à sécher.
Juillet se termine et j'ai passé tant de mois de juillet sans que la chaleur ne me fasse peur à courir, à monter et descendre et puis à me réfugier dans ma chambre pour lire jusqu'à ce qu'un gamin du coin arrive et scande mon prénom... je posais le livre déployé côté feuilles sur le lit et je repartais courir par monts et par vignes, il faisait si clair sous le ciel d'été, si gai dans nos coeurs d'enfants.
Juillet se termine et je fais mon point lecture : je constate qu'il est beaucoup question d'endroits que j'ai connus par la suite, des endroits qu'on arpente sauf un lieu que je ne connais pas... mais j'espère aller un jour à Saint-Jacques de Compostelle, il me suffira d'un petit bout de chemin de vie.
- "Les Pinadas", Angelo de Sorr (roman social dans les Landes de Bordeaux au 19ème siècle, il y est question d'une montagne de sable...)
- "L'herbe des nuits", Patrick Modiano (entre passé et présent errer étrangement sur les pas de l'auteur dans les rues de Paris... du pur Modiano)
- "Immortelle randonnée", Jean-Christophe Rufin (avec humour et auto-dérision sur le chemin pourtant difficile de Saint-Jacques de Compostelle, j'ai adoré)
- "Le Chasseur d'Alouettes", Angelo de Sorr (entre mer et forêt la vie locale du Bassin d'Arcachon au 19ème siècle, il y est question de la fée des sables et on y retrouve les personnages des Pinadas)